MANGANAC

CONFIANCE

Confiance

 

 

Bon, comment suis-je arrivé ici ?

Et où suis-je ?

Une grotte ? Un volcan ? Un volcan dans une grotte ? Une grotte dans un volcan ?

Je n'en sais fichtrement rien. Une chose est sûre, il y fait chaud, horriblement chaud.

Mais plus important, pourquoi suis-je tout nu ?

Que m'est-il arrivé ? La dernière chose dont je me souvienne est que je partais en vacances avec ma fiancée et ensuite, plus rien, le trou noir.

 

"Ohé ! Il y a quelqu'un ?"

 

Seul un puissant écho me répondit.

 

"Est-ce que vous m'entendez ?"

 

Ce coup-ci, en plus de la répercussion de mon nouvel appel sur les stalagmites et autres concrétions magmatiques, un brouhaha lointain se fit entendre, me déclenchant immédiatement la chair de poule.

N'écoutant que mon courage, je décidais de me fondre dans ce décor aux formes presque humaines.

Une horde de créatures toutes plus hideuses les unes que les autres traversa à quelques dizaines de mètres devant moi.

Mais où étais-je donc tombé ?

Et ma fiancée, qu'était-elle devenue ?

Je me préparais à hurler son nom quand une seconde salve de monstres déboula.

Pas un ne s'arrêta. Heureusement.

Ne pouvant rester dans cet endroit qui semblait être un nid à cauchemars, j'entrepris de visiter les lieux.

 

Et allez, encore une brûlure.

Aussi étrange que cela puisse paraître, autant le sol que les murs, tout était chaud ici.

Ah, une rivière; allons soulager ma pauvre peau toute cloquée. 

Une vois monocorde me suggéra de ne pas m'y risquer.

Levant la tête, j'aperçu un pêcheur debout dans sa barque.

 

"Et pourquoi ne pourrais-je pas y plonger mon corps endolori ? Qui vit dans dans ces eaux, des crocodiles, des piranhas ?"

 

Pour seule réponse, il sortit ce qui me semblait être un os et le plongea dans l'eau. Il releva son bras et je vis que l'os avait été rongé comme si une hyène s'était acharnée dessus.

Je recula.

 

"Où mène cette rivière ?"

 

Pas de réponse.

L'homme tendit la main.

 

"Donne-moi une pièce et je te conduirais où tu voudras.

- Je n'ai pas d'argent; voyez, je suis nu. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé et...pouvez-vous me dire où nous sommes ?

- En Enfer."

 

J'éclatais de rire.

 

"L'Enfer n'existe pas, il n'a été inventé que pour rendre les Hommes bons avec comme récompense le prétendu Paradis s'ils y parviennent. Enfer et Paradis ne sont que balivernes."

 

L'homme s'éloigna du rivage et disparut.

 

L'Enfer, n'importe quoi.

 

"Nathalie ! Où es-tu ?"

 

Alors que la joie semblait être le meilleur sentiment qui aurait dû m'assaillir, je hurlais de peur en entendant sa voix me répondre.

 

"Je suis là mon coeur."

 

Oui, peur car il n'y avait rien autour de moi et pourtant, je l'entendais comme si elle était à côté de moi...non, pas à côté de moi, plutôt à l'intérieur de moi.

 

"Mon amour, écoute-moi, n'ai plus peur. Ce que t'a dit Charon est malheureusement la vérité, tu es bel et bien en Enfer.

- Mais comment est-ce possible, suis-je...mort ?

- Tu l'es, et je le suis aussi. Nous avons eu un accident.

- Mais comment, quel accident ?

- Nous nous sommes disputé dans la voiture et elle s'est déportée sur la voie de gauche, voie où se trouvait un poids-lourd.

- Comment se fait-il que tu te souviennes de tout cela et que mes souvenirs à moi soient effacés ? Et où es-tu ?

- Je présume que l'endroit où nous sommes nous donne droit à différents "privilèges" à l'un et à l'autre.

- Mais où es-tu donc ?

- Je suis bien loin de toi à présent, je suis à l'endroit où je pensais te retrouver, au Paradis. Je ne comprends pas la raison pour laquelle tu es ici.

- Moi non plus, je n'ai jamais fait de mal à quiconque et...

- MONSTRE !!!"

 

Une voix terrible emplit l'ensemble des lieux. Une voix qui ne laissait rien présager de bon.

Je fus littéralement écrasé au sol par ce seul mot qui continuait de résonner dans mon crâne. 

Monstre. Pourquoi monstre ?

Sa voix retentit à nouveau.

 

" Cela fait des années que je t'observe misérable pourceau, des années que tu rends cette femme malheureuse ! 

Cette femme s'est pliée en quatre pour toi, elle a tout lâché pour toi, tout bouleversé dans sa vie et toi, oui toi, tu oses penser et même lui dire que tu n'as pas confiance en elle ?!

Tous les jours, je la vois pleurer en silence, tous les jours, elle cherche le moyen de te prouver qu'elle t'aime et tu ne le vois pas...tu es pathétique.

Toutes ces disputes que TU as déclenché auront fini par avoir raison d'elle. Tu l'as tué. Tu l'as tué tout le long de votre union.

Alors oui, tu es un monstre.

Toutes les créatures que tu as pu croiser ici ne sont rien à côté de toi, elles n'ont de monstres que l' apparence alors que toi, tu cachais le véritable monstre derrière ton air ahuri.

La confiance...sais-tu seulement ce qu'est la confiance ?

Il y a une personne en qui tu vas pouvoir avoir toute confiance, c'est moi !!

Fais-moi confiance, je vais te faire regretter la mort de Nathalie, femme ô combien dévouée !!

- Non !!"

 

La voix de mon aimée déchira mes tympans.

Pourquoi ce non alors que mes torts avaient été étalés, à raison, devant moi ? Pourquoi ?

 

" Parce qu'elle t'aime au-delà de la mort, imbécile !!!"

 

Il lisait mes pensées...

 

"Ce misérable a détruit ta vie et tu veux encore le sauver ?

- Je l'aime.

- Mais lui, t'aime-t'il assez pour mériter cet amour que tu lui donnes ?

Ne crois-tu pas que la confiance doit faire partie intégrante de l'Amour ?

- Ne lui faites pas de mal, je vous en supplie, je ne pourrais le supporter...

- Et bien soit, bien qu'il ne le mérite pas, je vais être magnanime et te le rendre. Quant à toi, tu peux être une fois de plus heureux de te voir sauvé par une personne qui, elle, te fait confiance."

 

Je fus soulevé de terre par une force invisible et projeté à une vitesse folle sur un mur.

Je criais puis m'évanouissais.

 

Peu à peu, je recouvrais mes esprits, si je puis dire.

Disparus le sol brûlant, l'odeur de soufre, la chaleur...

A bien y réfléchir, tout avait disparu. Ne subsistaient que des sensations, des sentiments...

Où étais-je cette fois-ci ? Etait-ce donc ça le Paradis ?

 

"Non mon amour, tu n'es pas au Paradis, ou plutôt si, tu y es mais, avec moi.

- Pourtant, je ne te vois pas, je ne me vois même pas moi-même.

- Qu'éprouves-tu en ce moment ?

- Je ne sais comment l'exprimer, c'est comme une plénitude intense, comme si rien ne pouvait m'arriver de mauvais. Autant en Enfer, j'ai eu peur à chaque instant, autant là, je me sens en totale confiance; ce lieu est apaisant au possible. Où se trouve-t'on ?

- Dans ma tête. Tu vis dans mon esprit à présent Frédéric.

Fallait-il vraiment en arriver là pour que tu puisses me faire confiance ?

- Je suis désolé ma Nat', je suis profondément et sincèrement désolé. Tu as souffert de mon impulsivité tout le long de ta vie alors que je ne voyais pas que le bonheur était devant moi. Après avoir vu tout ça, je ne peux mériter de rester avec toi. Laisse-moi repartir dans les profondeurs de l'Enfer, laisse-moi expier toutes mes erreurs pendant autant d'années que tu as souffert des miennes.

Le jour de mon retour, enfin je pourrais, je l'espère, mériter ton amour.

Je t'aime mon ange."



07/09/2013
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